Gagner au Blackjack

Parmi les jeux de casino, le Blackjack tient une place à part : alors qu'aux autres jeux le joueur est toujours au moins un peu défavorisé, une bonne stratégie au Blackjack permet théoriquement d'espérer engranger des sommes folles. Mythe ou réalité ?

Contrairement à la roulette, le Blackjack offre la possibilité de stratégies favorables au joueur. La roulette n'est pas faite pour gagner mais pour passer une bonne soirée en perdant un peu d'argent tout en s'étant offert pendant quelques heures le rêve d'empocher une fortune. Ceux qui ont cru pouvoir faire tomber la banque en s'appuyant sur des raisonnements faux y ont laissé leur argent, leur réputation et parfois même leur vie.

En cela, le Blackjack, dont les règles sont rappelées ici, est bien différent : on peut battre la banque, cela a été établi, en se servant de probabilités. Alors pourquoi, contrairement à ce que l'on pourrait imaginer, les casinos n'ont-ils jamais retiré le Blackjack de leur inventaire ? C'est tout simplement qu'il y a une marge de la théorie à la pratique. C'est si vrai qu'on pourrait se demander si les nombreux livres publiés sur le Blackjack et ses stratégies «gagnantes» ne l'ont pas été par des associations de casinos, misant sur les illusions que cela donnerait à leurs lecteurs... tout en donnant de fausses indications de jeu.

Illusions de gains

En effet, le joueur a devant lui au moins quatre difficultés incontournables. La première est le problème de la ruine (théorie des jeux), surtout quand l'espérance de gain est de l'ordre de 1 à 2% pour le joueur dans le meilleur cas (cela dépend du nombre de jeux utilisés, qui varie d'un pays à l'autre). Ensuite, un rapport si serré nécessite d'appliquer son système sans se tromper. Une troisième raison tient au calcul du gain du système lui-même : un amateur construisant son propre système trouvera probablement un système correct mais qui ne le sera qu'en apparence, en raison de petites probabilités qu'il aura négligées inconsidérément. Enfin, il y a la difficulté technique : les stratégies gagnantes exigent de connaître à tout moment l'état des lieux (en particulier les cartes déjà apparues) et d'infléchir sa réaction en fonction de cet état. Inutile de dire qu'il faudrait une mémoire prodigieuse, voire un ordinateur pour être sûr de ne pas se tromper.

Jeu en aveugle

Une stratégie simple serait d'imiter la banque, c'est-à-dire s'arrêter à partir de 17 (voir les règles du Blackjack). Le joueur perd ainsi sa mise dès qu'il dépasse 21, et il n'a qu'une chance sur deux de gagner dans l'autre cas. De plus, comme la banque ne dépasse pas 21 plus de la moitié du temps (en réalité, même moins d'une fois sur 3), il serait désastreux de s'arrêter systématiquement avec deux cartes en main : pour battre la banque, il faut donc se montrer plus inventif que cela.

Tactique ou stratégie ?

La méthode la plus simple pour accroître ses chances de gain est de savoir quoi faire dans chaque situation : c'est le point de vue tactique. Par exemple, faut-il séparer une paire de 3 si le donneur a montré un 5 ? Le calcul de probabilités pour toutes les mains et pour toutes les cartes visibles du donneur étant particulièrement long, il ne reste que deux possibilités : les trouver dans un des nombreux livres traitant du Blackjack ou s'aider d'un objet moderne pour les recalculer. La seconde méthode est, bien entendu, largement plus profitable : non seulement les résultats trouvés sont plus sûrs, mais en plus, on peut l'adapter aux différentes variantes du jeu qui existent dans les casinos.

Le calcul est loin d'être aussi compliqué qu'on se l'imagine (on a besoin d'une valeur approchée, qui ne va pas jusqu'à 200 décimales) : un petit programme dans n'importe quel langage résout ces questions en quelques minutes. Il s'écrit comme suit : pour chaque configuration de cartes (deux à soi et une du donneur), il faut établir la tactique gagnante. On a donc une liste de plusieurs stratégies et on les essaie toutes sur un grand nombre de configurations (faciles à créer à partir d'une table de hasard). On détermine ainsi la stratégie optimale à appliquer dans chaque configuration. Ne reste alors au joueur qu'à l'apprendre par cœur, ce qui est moins difficile qu'il n'y paraît car beaucoup de cas se ressemblent. Le calcul montre que l'espérance de gain de la tactique optimale n'est pas très élevée... et qu'elle est bien différente de celle présentée dans certains livres qui enseignent le Blackjack. Pour espérer gagner plus souvent, il faut se servir de la donnée supplémentaire des cartes déjà jouées dans le sabot de la banque : c'est l'attitude stratégique.

Pour prendre un exemple simple, si l'on sait que toutes les cartes entre As et 5 sont déjà sorties, alors on doit s'arrêter platement à 16 points, quelle que soit la carte de la banque. Différents systèmes de comptage permettent d'améliorer la performance du joueur, tout en évitant de compter toutes les cartes, certaines valeurs étant plus importantes que d'autres, notamment le nombre de 10 et de 5. Avec ces techniques, on obtient, enfin, une probabilité de gain supérieure à celle de la banque.

Composante psychologique

Pour ceux qui seraient décidés à devenir joueurs professionnels, il reste une dimension à prendre en compte : le côté psychologique. En effet, les casinos ont des personnels chargés de repérer les joueurs et de les mettre à la porte (plus ou moins gentiment) si leurs méthodes de jeu ne sont pas assez perdantes à leur goût. Pour éviter cette triste issue, il convient donc de ne pas donner l'impression de compter les cartes, ni même de jouer suivant un système prédéterminé.

> Découvrez l'histoire du comptage des cartes au Blackjack.

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